L'Histoire du Château Médiéval de Crussol

Le Château médiéval de Crussol : une place de choix dans l’histoire de la Vallée du Rhône

Dès le Xe siècle, on retrouve des écrits relatant de l’existence d’un château médiéval, notamment dans le cartulaire de l’Abbaye de Saint Chaffre où est évoqué le nom de Crussol en latin : Cruciolo. Peu d’éléments subsistent et l’on suppose que l’édifice de l’époque, sûrement construit en bois n’a guère laissé de trace.

Plus tard, c’est au XIIe siècle que Gérold Bastet de Crussol entreprend la construction du château de pierre et de bois qui ne cessera de prospérer jusqu’à ce que les guerres de religion finissent par lui porter une première estoquade ainsi que la foudre et des effondrements qui donneront les ruines que vous pouvez désormais visiter avec nos guides… symboliquement, notons que le fait que le Château soit si haut et si majestueux, constituait un enjeu et un trophée pour ses assaillants.

Crussol, représentait aussi l’emprise du protestantisme sur ce territoire, ce qui explique sans doute que les combats y ont été aussi virulents. Par ailleurs, son emplacement stratégique dominant la vallée du Rhône en faisait aussi un puissant point de contrôle.

Crussol, un emplacement stratégique

On vient de le dire, Crussol domine la vallée du Rhône et aujourd’hui encore, il est facile d’imaginer quel rôle stratégique il pouvait jouer. Le château culmine à 400 mètres de hauteur et est protégé par une abrupte montée rocheuse de 250 mètres.

Il exerçait une surveillance sur la vallée du Rhône. Il faut savoir que le Rhône matérialisait autrefois la limite entre le royaume de France et l’Empire romain germanique jusqu’à ce que la partie du Dauphiné soit rachetée par la France au milieu du XIVe siècle. Perché sur son éperon rocheux, Crussol avait une vision vaste pour observer le déplacement des assaillants éventuels, surveiller le royaume opposé. Crussol avait donc un rôle défensif.

L’axe de communication du Rhône, très fréquenté depuis l’Antiquité, constituait aussi un trait d’union entre la Méditerrannée et l’Europe du nord par lequel transitaient des marchandises par voies fluviale et terrestre. Le site contrôlait ainsi les points de passages sur le Rhône et en percevait des recettes. Crussol était donc un territoire où l’activité commerçante et artisanale s’est beaucoup développée. 

Positionné à la jonction de l’Isère et de la Route du Puy en Velay, point de passage  du chemin de Compostelle, l’activité artisanale et commerçante y prospère. 

Pour toutes ces raisons, défensives et commerçantes, le château de Crussol est une des clés du pouvoir.

A son apogée au XIIe et XIVe siècle, le château de Crussol compte près de 600 habitants, artisans, commerçants qui peuplent les 3 hectares de l’enceinte des remparts (il est rare d’avoir une superficie si étendue intra-muros), qui représente un périmètre de 800 mètres. 

Les fouilles réalisées sur le site ont permis de mettre en lumière l’existence de 2 forges, démontrant bien la richesse du fief. Au bas des remparts, au niveau du bâtiment d’accueil, il existaient des exploitations agricoles regroupant probablement 300 habitants de plus, ce qui ramenait la puissance humaine du château à 900 hommes rendant la forteresse imprenable tant que les canons n’existaient pas. 

Toute une vie s’organisait sur le site. Les travaux de défrichement réalisés par la fondation de Crussol dès les années 60 et par le Syndicat intercommunal puis par la Communauté de communes Rhône Crussol ont permis de rendre visible, la manière dont le château était occupé et organisé par corporations. Quartiers des chevaliers, maréchal-ferrant, clergé, tisserands, des ferronniers, du boulanger, logis seigneurial, citernes et garde-manger… 

 

Un Peu d'Histoire

Au XIIe siècle, les seigneurs de Crussol sont les vassaux des comtes de Toulouse. Le jeu des alliances, des mariages et des services rendus au roi les mènent à assumer de grandes charges au sein du Royaume : Vicomte, Comte, Duc et pair, cousin du roi, grand chambellan, gouverneur, lieutenant des armées…

Pons Bastet de Crussol combattra par exemple aux côtés de Philippe Auguste durant la 3e croisade. Une guerre menée en alliance avec les seigneurs de Tournon permettra notamment de récupérer le Château de Charmes-sur-Rhône, lors d’une lutte acharnée contre Chabeuil. Des écrits témoignent que l’évêque de Valence avait sollicité les Crussol pour récupérer une dette que refusait de lui payer le Seigneur Gontrand de Chabeuil. Lors de cet épisode de notre histoire, le château de Chabeuil fut ainsi détruit par l’alliance des Crussol/Tournon.

Les Crussol règnent en maîtres et sont particulièrement respectés, notamment grâce à ce genre de démonstrations de force et à leurs titres bien sûr.

Pour exemple :

• Entre 1427 et 1428, Giraud V de Crussol est appelé par Charles VII pour participer à de grandes assemblées. Notamment, celle où Jeanne d’Arc vînt lui demander une armure et une armée pour libérer la France.

• En 1486, Jacques de Crussol épouse Simone d’Uzès, dernière héritière de sa vicomté, ce qui accroît la puissance de la famille Crussol-Uzès.

En ces temps, le contexte est favorable à la paix, les habitants commencent à aller peupler la vallée et les Crussol d’Uzès préfèrent occuper des palais plus confortables que la forteresse de Crussol.

• Entre 1573 et 1578, Crussol est en proie aux Guerres de Religion, la forteresse est prise 5 fois. Le château est incendié et le donjon est détruit. Toute la défense est réduite en miettes.

Crussol maintient tout de même une place d’honneur vis à vis des Rois de France. Une garnison restera sur place avant que la Famille de Crussol décide de son démantèlement (décision prise par les Crussol et non par le Roi de France, nouvelle preuve de l’importance des seigneurs de Crussol). C’est la fin du règne de Crussol mais l’ouverture d’une autre page de notre histoire.

La fin de Crussol mais l’essor d’un village

La vie et les conflits s’apaisent et le bailli de Crussol, représentant du roi, Claude Teste-Fernand de la Motte s’installe au château de Beauregard dont la construction s’achève en 1652.

En 1696 Beauregard devient prison d’état, il pouvait accueillir jusqu’à 40 prisonniers environ.

En 1744, le mur d’enceinte actuel est construit, percé de 136 meurtrières.

En juillet 1791 l’assemblée Nationale Constituante abolit toutes les prisons d’état dont celle de Beauregard.

Mais peu de temps après, la France Napoléonienne qui manque de prison réquisitionne le château de Beauregard jusqu’en 1819, juste avant la construction de la prison de Privas.

Le château est ensuite transformé en cellier. C’est dans sa cave que la première prise de mousse du vin de Saint-Péray (effervescent) a lieu en 1829. Le Village de Saint-Péray prospère à son tour.